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La Movida madrilène, c’est quoi ?- Plus qu’un mouvement culturel

La Movida madrilène est un mouvement culturel, mais aussi une révolution sociétale, un élan de liberté sexuelle, artistique et selon certains, même politique.

Touchant particulièrement la ville de Madrid dans les années 70 et 80, au sortir de la dictature franquiste, La Movida madrilène il s’est étendu à d’autres villes espagnoles petit à petit.

Aux origines du mouvement

La dictature militaire du général Franco s’étale de 1939 à 1975 en Espagne. Pendant presque 40 ans, les libertés politiques comme personnelles sont réduites. Bien que l’Espagne s’ouvre peu à peu avec la mondialisation, la société reste très conservatrice ; le divorce est interdit, ainsi que l’avortement ou même l’homosexualité. La presse est brimée, les regroupements et la pluralité politique impossibles. Et à la mort du général Franco, les portes s’ouvrent soudain, et la transition politique sous Juan Carlos Primero s’accompagne d’une transition culturelle dans la capitale.

Loin d’apporter un regard politique sur ce qui se produit en Espagne, la jeunesse madrilène souhaite oublier, passer à autre chose, et créer, enfin. C’est ainsi que sans revendications, sans manifeste, sans chef de fil et sans école, la Movida prend forme, avec un mantra simple : Solo se vive una vez (on ne vit qu’une fois).

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Poster Rock-Ola: Alaska, Pedro y Fabio, 1983 © Pablo Pérez-Mínguez/VEGAP Fabio, agent secret, 1982 © Pablo Pérez-Mínguez/VEGAP

Les fêtes reprennent, les arts aussi

La Movida part d’un besoin simple d’expression des libertés, mais prend de nombreuses formes. Alors que la jeunesse sort, et que chacun exprime sa personnalité et son genre de manière assumée dans les rues de Madrid, les concerts, expositions, happening et tournages prennent un nouvel élan. La mode musicale est au rock, au punk et à la pop acidulée. On s’inspire de David Bowie comme des Led Zeppelin. On pratique aussi la photographie, le dessin, la peinture, le cinéma et on crée avec ce que l’on a sous la main et chez ses amis. C’est ainsi que partant seulement d’une idée et poussés par leur communauté, des artistes émergent, tels que Pedro Almodovar et son compagnon Fabio McNamara, bien sûr, mais aussi Pablo Perez Minguez et Ouka Leele. Des revues se développent, tels que le Fanzine “Bazofia”, tiré en quelques rares éditions et diffusé dans la ville, et la mode vestimentaire est un moyen supplémentaire de s’exprimer et faire exploser les mœurs traditionnelles.

bazofia_bazofia_1975_4- Grupos de La Movida Madrileña
Pejo, illustration de la revue Bazofia n°4, 1976

Cet élan s’accompagne d’un soutien politique, celui du nouveau maire de Madrid. Enrique Tierno Galvan, professeur socialiste exilé durant la période franquiste, pousse cette affirmation madrilène par les arts, et permet les festivités, en autorisant par exemple à nouveau le Carnaval. Ce sera même sa première mesure, contrant ainsi l’image des défilés militaires et de la rigidité qu’avait alors connue la ville. Le maire compte ainsi profiter de la nouvelle image de Madrid pour concurrencer les métropoles bien plus attirantes pour les touristes, telle que Barcelone. La Movida crée une véritable identité culturelle à la capitale, qui reste ancrée dans l’imaginaire collectif jusqu’à aujourd’hui partout en Europe.

La postérité

Bien que le mouvement perde en intensité et se délite petit à petit jusqu’en 1986, date de la mort d’Enrique Tierno Galvan, son ampleur a permis le financement de projets culturels variés. Ainsi le groupe Mecano signe avec une grande Major et se fait connaître du reste du monde, et Pedro Almodovar reste une figure emblématique, encore aujourd’hui, du cinéma espagnol à l’esprit coloré, joyeux et progressiste.

Mais la Movida a aussi contribué à l’ouverture de lieux cultes à Madrid, et la présence de cet esprit de fête dans les quartiers choisis par les fêtards des années 70. Des salles comme le Rock Ola se rendent célèbres et accueillent Iggy Pop ou encore Depeche Mode. El Sol, El Pentagrama ou La Via Lactea permettent de célébrer toute la nuit, tandis que le marché aux puces du Rastro accueille les derniers motivés après un after dans les appartements des uns et des autres où les drogues tournent aussi très souvent… Dans la mouvance des courants hippies aux Etats-Unis ou de Mai 68 en France, la jeunesse s’aventure sur tous les terrains et se crée une communauté solidaire face au vieux monde.

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Raphael Federici, façade du Pentagrama, Pinta Malasaña 2022 © I.Blanchard / La Pride à Madrid

La Movida madrilène se termine de manière assez évidente, comme un mouvement de transition entre la dictature et la société espagnole contemporaine, accompagnant une période de bouleversements, de modernisation et de questionnements et n’ayant pas vocation à durer. Cette décennie créative nous laisse tout de même des lieux, des artistes, des œuvres aujourd’hui, et un esprit festif, ouvert et progressiste qui se ressent toujours dans la vie madrilène pour n’importe quel visiteur.

Pour aller plus loin sur les phénomènes de musique underground emblématiques de la Movida, c’est pas ici : La Movida Movimiento Contracultural

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Nous vous attendrons à bras ouverts !

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