La Galerie des Collections Royales – Un Incontournable à Madrid
A été inauguré un nouveau musée historique d’ampleur au cœur de la vieille ville de Madrid : la Galerie des Collections Royales Espagnoles
Le 28 juin 2023, dans un magnifique écrin réalisé par Emilio Tuñón Álvarez et Luis Moreno Mansilla, la Galerie des Collections Royales expose à la fois les pièces collectionnées par les rois et reines d’Espagne, mais aussi les vestiges archéologiques de la muraille musulmane et d’anciennes maisons médiévales découverts lors de la construction de l’édifice.
Divisée en deux sections bien distinctes, le musée propose un parcours concernant la dynastie des Habsbourg, des rois catholiques à Charles II, et un autre illustrant les changements de goûts initiés par celle des Bourbons, de Philippe V à nos jours.
Grâce à des vidéos reconstituant à la fois l’histoire de ces souverains et leur utilisation des arts et du mobilier comme outils de pouvoir, il permet de se plonger dans l’histoire de l’Espagne, et en particulier de Madrid et son palais royal, de la première forteresse arabe au château actuel.
On la Galerie des Collections Royales redécouvre ainsi les apports de chaque roi et reine à l’essor de la culture espagnole, avec des superbes exemples de tapisseries, horloges, manuscrits, couronnes, tableaux, carrosses ou encore armures, mais aussi leurs grands projets de rénovations des palais présents dans toute la région. Ainsi, on apprend que Charles III pouvait séjourner chaque saison dans un lieu différent ; le printemps à Aranjuez, l’été à San Ildefonso, l’automne à l’Escorial et l’hiver au palacio real de Madrid.
La disposition très claire des œuvres permet aussi de comprendre l’évolution des styles à chaque époque, selon le contexte politique, militaire, géographique, religieux, et bien sûr selon les attraits personnels des souverains pour les artistes de leur temps. Ainsi, par exemple, Philippe II des Habsbourg ne cachera pas sa préférence pour les renaissants flamands, tels Jérome Bosch ou Joachim Patinir, tandis que Ferdinand VI poursuivra lui les commandes à des artistes français classicistes, tels Charles André van Loo, sollicité pour les portraits royaux, comme ci-dessous.
On perçoit aussi l’utilisation de l’art de la culture comme outil de propagande pour les souverains. Alors que la couronne espagnole a toujours été très fortement liée à l’Eglise catholique, le sujet religieux est par exemple prégnant, et représenté selon des critères précis par les artistes. Afin de lutter contre la Réforme protestante venue du Nord de l’Europe à partir du 16ème siècle, les créateurs sont sélectionnés et appréciés selon la qualité et la clarté du message pieux présenté à travers leurs œuvres.
Mais cette instrumentalisation concerne aussi les victoires militaires des rois. En 1548, Charles Quint fera notamment créer une série de 12 tapisseries à Willem de Pannemaker relatant sa campagne en Afrique du Nord ; des pièces qui seront exposées publiquement lors du mariage de son fils avec Marie de Tudor, marquant leur vocation à conter ses exploits à tous, et appuyer sa puissance au sein de l’Empire.
L’évolution de la société entraîne aussi l’acquisition de certains objets dans les collections royales. Alors que son père avait fait fleurir les manufactures nationales, comme celle de tapisseries pour instaurer un savoir-faire espagnol, Charles III est lui bien ancré dans les préoccupations du Siècle des Lumières et envoie des expéditions en Italie comme aux 4 coins du monde afin de découvrir les mystères scientifiques et archéologiques et les exposer en Espagne. Les livres présentant les découvertes botaniques, animales ou techniques en témoignent dans l’exposition, ainsi que les tableaux illustrant l’éruption du Vésuve par Antonio Joli, pour ne citer qu’eux.
En fin de parcours, le musée propose aussi de s’immerger dans le Cube, espace dédié aux paysages intérieurs et extérieures des sites royaux d’Espagne, tels que le monastère de l’Escorial, le palais d’Aranjuez, La Granja de San Ildefonso ou encore le monastère de Yuste, dernière demeure de Charles Quint.
La Galerie des Collections Royales est un outil complémentaire incontournable aux visites guidées de la ville pour comprendre l’âme de collectionneurs qu’ont eu les souverains et souveraines qui sont passés par Madrid.
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