Le Palais Longoria, bijou de l’architecture moderniste madrilène
Situé dans le quartier de Chueca, calle de Fernando VI, le Palais Longoria est un exemple parfait du développement du style Art Nouveau en Espagne.
Si vous avez la chance de passer à Madrid lors de la Semaine de l’architecture ou du week-end Open House, vous aurez la chance de visiter l’étonnant le Palais Longoria.
Habité par la Société des Auteurs et Éditeurs (SGAE), on ne peut, en dehors de ces événements, que l’apprécier de l’extérieur.
Appelé plutôt “architecture moderniste” à Madrid, ce mouvement mondial de la fin du XIXè et début du XXè siècle a connu des titres variés : Art Nouveau en France, Sécession en Autriche, Tiffany aux Etats-Unis, ou encore Style Sapin en Suisse. Il se caractérise par un retour aux lignes courbes, inspirées de la nature et des styles médiévaux d’architecture et d’ornements, mais aussi par une réaction à l’industrialisation qui “bétonise” et “enlaidit” tout, favorisant avant tout la praticité des édifices produits en masse.
C’est un courant qui traverse toutes les formes d’art, de manières très différentes selon les régions du monde. Ainsi les arts décoratifs, le graphisme, la peinture, l’architecture mais aussi le design sont touchés, les artistes s’entraidant et s’inspirant les uns des autres, portant même souvent des projets communs. Le trait commun est cependant bien le retour aux formes offertes par la nature (faune, flore, lignes et couleurs des paysages). C’est un art qui ne se veut plus académique, ni élitiste, et qui s’invite donc dans le quotidien, essayant de toucher l’humain moderne en ces débuts du XXe siècle.
C’est bien de cela dont il s’agit avec le sublime Palais Longoria ; offrir une esthétique ronde, florale, lumineuse et brillante. Commandé par un travailleur de la finance, Javier González Longoria, il est conçu par l’architecte catalan José Grases Riera en 1904. Le propriétaire souhaitait installer sa banque au rez-de-chaussée et sa résidence dans les étages. L’intérieur est aussi travaillé que la façade extérieure. Les escaliers sont baignés de lumière par une coupole vitrée, et la rampe elle-même est décorée de feuilles et fleurs en laiton. Une cour et un jardin donnent sur la façade arrière, aux colonnes sculptées de palmiers.
Ces formes torsadées, les sculptures et les mascarons nous plongent véritablement dans le mouvement moderniste madrilène, très présent dans ce quartier.
José Grases Riera est souvent associé à Antonio Gaudí. Bien que n’allant pas aussi loin dans son utilisation des couleurs et des matériaux, il épouse un mouvement souhaitant bel et bien ramener l’humain à des formes plus harmonieuses et naturelles dans un quotidien urbain de plus en plus rythmé et difficile à suivre. De formation académique, il est aussi l’auteur de l’immense statue dédiée à Alphonse XII au bord du bassin du Retiro.
Cet édifice a changé de propriétaires à plusieurs reprises, passant aux mains de la Compagnie dentaire espagnole, puis, après rénovation, à la Société des Auteurs en 1950.
Il est aujourd’hui un témoignage précieux du style moderniste de Madrid, qui s’est développé de manière très singulière, différente de Barcelone par exemple.
Quelques années avant la Première Guerre mondiale, l’Art Nouveau évolue vers un style plus géométrique, qui débouchera sur un tout nouveau moment du modernisme jusqu’aux années 1940 : l’Art déco. Ainsi, lorsque l’on pense à un bâtiment typique moderniste dans la capitale, le Palacio Longoria, la Casa Gallardo (Plaza de Espana), ou l’immeuble de la Compañía Colonial (calle Mayor) viennent à l’esprit, alors que l’on trouve aussi à Madrid des exemples d’Art Déco, comme le Teatro Barcelo, annonçant un retour aux lignes strictes.
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