
San Isidro : la star de Madrid !
Comment la San Isidro s’est imposée comme LE rendez-vous emblématique de l’année à Madrid ?
Né en 1079, Isidro (Isidore en français) était un paysan employé au service de son maître, Ivan de Vargas.
Un jour, le fils d’Isidro et de sa femme, Santa María de la Cabeza, serait tombé dans un puits profond. Désespérés, ils ont prié, et l’eau du puits aurait miraculeusement monté jusqu’au bord, ramenant l’enfant sain et sauf à la surface.
Quelque temps plus tard, alors que la sécheresse sévissait sur Madrid, Ivan de Vargas alla voir Isidro et lui demanda d’étancher sa soif : miracle (bis) ! Les prières du paysan furent aussitôt exaucées et de l’eau jaillit de la terre.
Enfin, l’un des récits les plus célèbres sur Isidro raconte qu’alors qu’il priait au lieu de labourer, des anges seraient apparus pour labourer à sa place, lui permettant ainsi de se consacrer à sa foi sans négliger son travail. MIRACLE !
La piété d’Isidro, sa dévotion pour la Vierge, sa charité sans limites et ses miracles font que ses contemporains l’admirent et le vénèrent comme un Saint. Il meurt le 30 novembre 1172, âgé de 90 ans. Il est enterré au cimetière de San Andrés, sa paroisse. 40 ans après, en 1212, son corps intact est retrouvé par révélation divine. Béatifié par Paul V en 1619 et canonisé en 1622 par le Pape Grégoire XV, la célébration de sa fête est fixée le 15 mai. On peut invoquer Saint Isidore pour qu’il pleuve ou pour obtenir de bonnes récoltes.
Le culte du laboureur devenu saint patron de Madrid ne cessa donc de se développer au fil des siècles, à l’image de l’église où il fut inhumé : San Andrés est aujourd’hui l’une des plus belles paroisses de La Latina ; elle se dresse juste à côté de la demeure des Vargas, aménagée en musée. Le Museo de San Isidro retrace l’histoire de Madrid des origines au XVIè siècle ; il abrite une maquette montrant l’extension progressive de la ville à mesure que ses murailles étaient repoussées. On peut également se pencher au-dessus du fameux “puits du miracle”.
Et aujourd’hui, du 9 au 15 mai, la capitale célèbre San Isidro ; les rues grouillent alors de couples vêtus du costume folklorique du chulapo et de la chulapa, les madrilènes typiques. Pour elle, robe longue terminée par un large volant et mantón de Manila, châle de Manille. Leurs cheveux, attachés en chignon et protégés par un foulard blanc noué au menton, sont ornés de deux œillets : la femme mariée porte des œillets rouges ; la femme célibataire, des œillets blancs ; la femme fiancée, un œillet rouge et un œillet blanc. Seules les veuves en portent trois : deux rouges et un blanc. Pour lui, pantalon noir, chemise blanche, gilet pied-de-poule avec oeillet à la boutonnière et casquette assortie.

Différents espaces accueillent des activités gratuites pour tous les publics et tous les goûts. Des lieux emblématiques du cœur historique de la ville comme la Plaza Mayor, les jardins de Las Vistillas et le Parc de San Isidro, “la Pradera” (quartier de Carabanchel) sont le théâtre des festivités. Celles-ci commencent par le défilé des Gigantes y Cabezudos (géants et grosses têtes) et le pregón (discours officiel d’inauguration des fêtes), qui est généralement suivi d’un concert de zarzuela (théâtre musical) et de musique populaire.

En famille, les madrilènes participent à la romería (fête populaire en plein air) dans le grand parc de San Isidro : les enfants profitent de la fête foraine pendant que leurs parents font la queue pour faire provision de bocadillos (sandwichs) au jambon et de rosquillas, le beignet traditionnel de la San Isidro. Les rosquillas sont des gimblettes (sortes de beignets ronds sucrés originaires d’Albi) faites traditionnellement à partir des excédents de pâte à pain. Il y en a quatre sortes. Les rosquillas tontas (idiotes !) et les francesas (françaises !) sont les plus anciennes et les plus simples. Elles sont habituellement parfumées avec de l’anis. Les rosquillas listas (les futées) sont recouvertes de sucre glace, qui peut être de couleurs différentes (marron, jaune, rose …) Enfin, les rosquillas de Santa Clara sont passées par un jaune d’oeuf et couvertes ensuite d’une couche de meringue sèche blanche.
Barbara de Braganza, épouse de Fernando VI, serait à l’origine des rosquillas francesas. Trouvant les rosquillas tontas insipides, elle aurait demandé à son cuisinier (vraisemblablement français, d’où le nom) de les baigner dans une poudre d’amande et de sucre donnant lieu à ces beignets qui devinrent très populaires à l’époque dans les rues de Madrid.

Les aventuriers se risqueront quant à eux à goûter le rabo de toro (ragoût à base de queue de taureau) … L’histoire de ce plat est simple. San Isidro, c’est aussi la semaine où commence une des Ferias Taurinas les plus réputées, à la Plaza Monumental de Las Ventas de Madrid. Lors de la célébrissime Feria de San Isidro, les plus grands toreros se succèdent et rivalisent chaque année devant un public exigeant, espérant sortir a hombros (sur leurs épaules !) des arènes madrilènes.
Côté boissons, on demandera une limonada mais sachez qu’à Madrid, elle est élaborée avec du vin, du citron, du sucre et des morceaux de fruits (normalement de pomme).
Mais on patientera également pour remplir nos bouteilles d’eau à la source miraculeuse. Celle-ci jaillit du mur du petit ermitage de San Isidro (1725) de la Pradera, jadis une vaste prairie souvent immortalisée dans les tableaux de Goya.
Aux bals organisés au Matadero, sur la Plaza Mayor ou aux jardins de Las Vistillas, les couples dansent des chotis, collés-serrés, au son de l’orgue de Barbarie : la femme tourne autour de l’homme, l’homme tournant sur lui-même, un peu comme les figurines d’une boîte à musique. Les plaisantins affirment que les danseurs n’ont pas besoin de place pour évoluer, leurs pas ne dépassant pas le périmètre d’une dalle au sol !

Ces lieux accueillent aussi des concerts de musique contemporaine. La Feria de la Cacharrería, grande foire d’artisanat sur la place de las Comendadoras, et les feux d’artifice, sont d’autres grands classiques de la fête.
Enfin, les cérémonies religieuses traditionnelles se déroulent du 6 au 15 mai : la bénédiction de l’eau de la fontaine et la consécration au Saint, le Quinario en l’honneur de San Isidro, la messe dans la Collégiale de San Isidro, l’eucharistie dans la Chapelle de la Cuadra de San Isidro et la messe de la Romería à la Pradera.
À la mi-mai, Madrid s’affiche donc plus festive et accueillante que jamais: les Madrilènes honorent le “laboureur miraculeux” et organisent pour l’occasion un vaste programme culturel alliant tradition et modernité : musique, danse, spectacles en tout genre et une ribambelle d’activités tous publics.
Prochaines dates : du 9 au 15 mai 2025 !
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