Dragon of Madrid's Emblem - Facade

Le dragon de l’emblème de Madrid

Un des symboles les plus célèbres de la ville de Madrid est son écusson représentant un ours grimpant sur un arbre ; l’arbousier. Mais ce symbole n’a pas toujours été seul sur les armoiries de la capitale ; parfois, on y voit associé un dragon ! Le dragon de l’emblème de Madrid !

Quel rapport y’a-t-il donc entre cet animal fantastique et la ville de Madrid ? Gravé dans la pierre sur des façades municipales, ou inscrit dans des vitraux, le dragon de l’emblème de Madrid (ou griffon selon les sources) a été dessiné auprès de l’ours comme symbole de la capitale à partir de 1842, mais son histoire remonte plus loin. C’est en 1569 qu’un chroniqueur et humaniste espagnol, Juan López de Hoyos, – l’un des professeurs de Miguel de Cervantes -, raconte que lors de la démolition de la Puerta Cerrada, aux environs de l’actuel Plaza de la Villa, une pierre sur laquelle était gravé un dragon aurait été trouvée.

De nombreuses histoires vont alors découler de cet élément ; certains placent Madrid au cœur de mythes gréco-romains, d’autres en font une ancienne colonie de Troyens, et d’autres encore évoquent des légendes de chevaliers se battant contre l’animal fantastique. Mais c’est surtout la théorie d’une communauté romaine installée dans cette région il y a 2000 ans et arborant l’emblème du dragon qui est gardé pour justifier la modification des armoiries de la capitale au milieu du XIXème siècle.

Juan Luis Jaen - Le dragon de l'emblème de Madrid
Vitraux de la Casa de la Villa, détail, © Juan Luis Jaen

Un changement d’image stratégique

Déjà à cette époque, le marketing d’une ville à son importance. Cela peut paraître anachronique mais il s’agit bien d’une stratégie d’image qui a conduit la Cour madrilène à décider un changement d’emblème.

Sous Philippe III, à la fin du XVIème et au début du XVIIème siècle, le favori et conseiller du roi, le duc de Lerme, achète des terres à Valladolid et propose au roi de s’y installer avec ses “Cortes”. Madrid, encore jeune capitale, doit rivaliser. La municipalité commence à accumuler des raisons qui la rendent digne d’être une ville institutionnelle forte, pouvant être à la hauteur de l’Empire. Parmi celles-ci, des mythes sur la fondation de la ville remontant à la Grèce antique.

A cette époque en Europe, il n’existe effectivement rien de mieux que des origines gréco-romaines pour assurer sa légitimité. L’Espagne catholique se cherche une histoire fondatrice perçue comme “noble”. Les textes de López de Hoyos sont alors ressortis et réinterprétés à Madrid. On parle notamment dans la région d’un “dragon effrayant et féroce, que les Grecs portaient sur leurs armes et utilisaient sur leurs drapeaux »[1], le feu craché par celui-ci étant associé aux foudres de Zeus.

Flèche de la Casa de la Villa, détail, © Jacinta Lluch Valero
Flèche de la Casa de la Villa, détail, © Jacinta Lluch Valero

Il est difficile de dire aujourd’hui si c’est cela qui a fait revenir le roi à la capitale en 1606, mais ces légendes autour du dragon de l’emblème de Madrid étant alors bien ancrées, il sera décidé deux siècles plus tard le changement de l’écusson de la ville, qui restera orné de l’ours et du dragon jusqu’en 1967.

Le retour à l’ours

C’est il y a seulement 50 ans qu’a donc été étudié à nouveau la question du blason de Madrid, et que l’Académie royale d’histoire a considéré qu’inclure le dragon était une erreur d’interprétation du XVIIème siècle. Et c’est ainsi que l’emblème actuel de la ville, aujourd’hui célèbre, est revenu sur le devant de la scène : “el Oso y Madroño”.

Mais il est possible que vous trouviez toujours des traces du dragon dans la capitale. Que ce soit sur les blasons gravés de la Casa de la Villa, ancien hôtel de ville, sur ses magnifiques vitraux intérieurs, sur des statues honorifiques du XIXème siècle, ou encore au musée des Origines de Madrid, le musée San Isidro, qui, au coeur du quartier de la Latina, explore l’histoire du territoire de la préhistoire à l’arrivée des Habsbourg. Il expose notamment une sculpture en pierre du dragon, qui était autrefois l’une des fontaines entourant la célèbre Cybèle sur l’avenue du Prado. Alors réserve d’eau, le flot sortait de la gueule du dragon pour que les porteurs d’eau puissent venir s’y servir. L’emblème orne la fontaine jusqu’à la fin du XIXème siècle, mais l’arrivée de l’eau courante lui enlève toute utilité, et il est donc aujourd’hui conservé et montré au sein du musée.

alfonso Bergaz Dragon of Madrid Emblem fuente de cibeles 1794
Alfonso Bergaz, dragon de la fontaine de Cybèle © Memoria de Madrid

Ne soyez donc pas surpris de croiser des dragons à Madrid, ils font partie des légendes qui ont traversé l’histoire de la ville depuis le Moyen-Âge.

Mais pour connaître le mythe qui se cache derrière l’ours et l’arbousier, encore aujourd’hui symbole approuvé des historiens, nous vous invitons à venir découvrir nos visites de la capitale, nos free tour Madrid .

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