Que se cache-t’il derrière les Muses du Prado ?

Parmi les trésors exposés à Madrid, il existe une série de statues à la présentation singulière et honorifique, en raison de leur histoire rocambolesque dans la région ; il s’agit des Muses du Prado.

Disposées dans la salle ronde, juste au-dessous des impressionnantes “Ménines” de Velazquez, elles accueillent les visiteurs du musée du Prado, dans la seule salle à la fois spacieuse, où il est possible de se reposer et de prendre des photos.

Mais pourquoi ces œuvres ont-elles un tel statut, différencié de celui des autres sculptures ?

Calliope, Clio, Erato, Euterpe, Melpomène, Polymnie, Terpsichore, Thalie et Uranie…Dans la mythologie grecque, les 9 Muses sont évocatrices des arts, tels qu’ils sont classifiés dans l’éducation classique ; respectivement la poésie épique, l’histoire, la poésie lyrique, la musique, la tragédie, la rhétorique, la danse, la comédie et l’astronomie.

Souvent associées à la figure d’Apollon, dieu des Arts et du soleil, elles sont très souvent représentées sur les vases antiques, frises, sculptures mais aussi peintures modernes, et reconnaissables grâce à leurs attributs.

Mais nous observons seulement 8 Muses du Prado. Alors que nous cachent-elles ?

Pour comprendre, il faut remonter à l’histoire de ces statues de marbre.

Trouvées lors de fouilles au XVème siècle à la Villa d’Hadrien, à Tivoli, en Italie, les 9 pièces auraient été commandées par l’Empereur pour entourer sa table de réception en 130 ap. J-C. Après plus d’un millénaire dans l’ombre, l’ensemble est alors envoyé au palais du pape Clément VII, et c’est la reine Christine de Suède, grande amatrice d’art, qui en acquiert 8 pour son palais à Rome, et ainsi les fait connaître.

Les sculptures sont déjà célèbres à cette époque. Non seulement il s’agit de la seule série d’oeuvres antiques de ce type retrouvée, mais en plus elles présentent, lors d’un moment d’engouement pour l’Antiquité gréco-romaine, tous les canons de l’allégorie classique : la qualité du marbre, la posture des Muses, leurs accessoires et leur beauté

Mais quand elle les fait restaurer par Francesco Maria Nocchieri, elle lui demande de modifier un détail, et pas des moindres : le visage de l’une d’entre elles, Thalie, Muse de la Comédie, pour y mettre ses propres traits. Ce n’est pas un hasard : ayant tout juste fait construire le théâtre Tordinona de Rome, elle souhaite montrer son rôle de protectrice de la comédie classique.

De plus, afin de se mettre en scène dans ses salles de réception, elle avait fait placer les 8 sculptures en demi-cercle, et s’asseyait elle-même en face de la statue d’Apollon, comme la neuvième, signifiant ainsi ses propres intérêts et projets pour l’art de son temps.

Mais comment ces sculptures se sont-elles retrouvées au musée du Prado ?
A la mort de Christine de Suède, les premiers Bourbons d’Espagne, Philippe V et Elisabeth Farnèse, acquièrent l’ensemble, car le roi avait alors un projet d’architecture ambitieux : le Palacio de la Granja de San Ildefonso, près de Ségovie, aujourd’hui nommé “le petit Versailles”. La salle des sculptures, que vous pouvez encore découvrir aujourd’hui, présente une copie des Muses entourant Apollon.

Les œuvres originales sont au musée du Prado, qui, lors d’une exposition dédiée à la reine Christine de Suède en 1997, profite de l’occasion pour proposer de les restaurer et les conserver. Le musée leur confère une place singulière : accueillant les visiteurs dès l’entrée du musée, dans une salle aux murs rouges, accompagnant les tableaux de Philippe II des Habsbourg et Philippe V des Bourbons, grands collectionneurs, responsable de nombreuses acquisitions du musée. Les attributs de chaque Muse vous permettront aisément de les retrouver : Thalie, Muse de la Comédie, portant son masque de théâtre, Uranie, dédiée à l’astronomie, son globe et sa couronne étoilée, ou encore Euterpe, représentant la musique, sa flûte.

Pour en savoir plus sur les joyaux que possèdent les institutions madrilènes et ses environs, rejoignez nos free tour Madrid .

Share on Facebook