Les femmes artistes au Musée Reina Sofia
Afin de poursuivre cette série de mise en lumière d’artistes que vous ne connaissez peut-être pas, et pourrez découvrir dans la capitale, intéressons-nous cette fois-ci à l’art moderne et aux femmes artistes au musée Reina Sofia.
L’art moderne offre plus de places aux femmes artistes que ne le fait le secteur des Beaux-Arts, ce qui s’explique facilement historiquement. Mais pour autant, au musée Reina Sofia, la part de peintres masculins représentés est encore bien supérieure à celle des femmes, que ce soit dans la collection permanente du musée comme pour ses expositions temporaires, ce à quoi le musée tente de remédier depuis déjà près de dix ans. Parmi les déjà célèbres Sonia Delaunay ou Dora Maar, le musée offre aussi un bel aperçu des créatrices espagnoles ; faisons ici un zoom sur 4 artistes que vous pourrez y découvrir !
1. María Blanchard (1881-1932)
Née à Santander et décédée à Paris, María Blanchard est souvent décrite comme artiste cubiste, bien qu’elle n’ait dédié que 4 années de sa vie à ce mouvement. D’ailleurs, la forme de cubisme qu’elle propose est différente de celle de ses contemporains. Elle transforme bien notre perception de la réalité, mais tout en restant dans des formes figuratives et aisément reconnaissables. C’est le cas par exemple de “Femme à la guitare “, qu’elle réalise lorsqu’elle rencontre Juan Gris, précurseur du cubisme dit “synthétique” visant à garder des contours discernables de l’objet malgré l’asbtraction. A la suite de la Seconde Guerre mondiale, dans un Paris complètement bouleversé, Maria Blanchard se tourne ainsi vers la figuration, et s’intéresse au corps humain, souffrant elle-même d’une scoliose l’a rendant légèrement bossue. C’est ainsi qu’elle crée des œuvres qui sont aussi collectionnées par le musée du Prado, comme “la Boulonnaise”, traversant ainsi plusieurs écoles artistiques et aujourd’hui plusieurs musées madrilènes.
2. Maruja Mallo (1902-1995)
Maruja Mallo est une artiste ayant connu une vie pleine de rebondissements. Née en Galice, elle étudie à Madrid et y développe son réseau dans le milieu des avant-gardes, se rapprochant de Dalí ou Buñuel. Dès ses débuts dans le surréalisme, elle affirme sa volonté de défendre la cause féminine, intégrant notamment le groupe des Sinsombreros (“sans chapeaux”), et participe activement aux missions pédagogiques de la Seconde République.
La Guerre Civile la pousse à fuir en Argentine, où son style évolue encore, influencé par ses découvertes culturelles. Ce n’est que 25 ans plus tard qu’elle revient à Madrid, où l’on nommera alors son travail “cosmique”. C’est en effet le terme qui vient à l’esprit lorsqu’on observe ses œuvres mystiques et colorées, dont le musée Reina Sofia ne possède pas moins de 22 pièces.
3. Rosario de Velasco (1904-1991)
Réalisée en 1932, “Adam et Eve” est emblématique de la carrière de Rosario de Velasco. Malgré le traitement d’un sujet traditionnel en peinture, l’artiste madrilène offre des couleurs, une composition et un angle de vue complètement nouveaux pour aborder ce thème biblique. Pourtant, la créatrice souhaitait un retour à une pratique plus classique de la peinture, comme María Blanchard avant elle. Elle se rapproche pour cela du groupe de la Nouvelle Objectivité venu d’Allemagne : un collectif qui, après la brutalité de la Première Guerre mondiale, souhaite revenir à la figuration. Malgré le succès de ce courant en Europe dans les années 30, le régime nazi le classe parmi les “arts dégénérés” et il s’éteind peu à peu, ce qui n’empêche pas Rosario de Velasco de poursuivre sa carrière et d’être aujourd’hui exposée dans les musées d’art moderne les plus prestigieux.
4. Ángeles Santos (1911-2013)
Ángeles Santos est une artiste dite parfois surréaliste, parfois constructiviste ou encore post-expressionniste. Il est effectivement difficile de la mettre dans une case, tant elle a traversé de courants artistiques au cours de sa très longue vie, recevant encore des Prix à 94 ans.
Née à Portbou en 1911, elle déménage beaucoup, et c’est en entrant dans une école catholique de Séville qu’une des sœurs découvre ses talents et suggère qu’elle étudie les arts. Elle rencontre alors les surréalistes et commence à explorer les méandres de l’inconscient. A seulement 17 ans, elle se fait remarquer au Salon d’Automne de 1929 avec une peinture nommée “Le Monde”. Les intellectuels et critiques de l’époque n’en reviennent pas, et Ramón Gómez de la Serna la comparera même à une “Sainte-Thérèse de la peinture, écoutant les colombes et les étoiles lui dicter le toucher de ses pinceaux”.
Ces 4 artistes ne sont qu’un aperçu des nombreuses créatrices exposées au musée Reina Sofia, qui ces dernières années a montré une vraie volonté de collectionner et exposer les femmes artistes du XXème siècle comme les plasticiennes d’aujourd’hui.
Elles participent en effet à l’environnement culturel très riche de la ville de Madrid, qui, tout autour de son Paseo del Arte, offre tout un pan de l’histoire de l’art aux visiteurs.
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